Dans sa classification des tours nuragiques, Lilliu introduit la distinction entre deux types de nuraghi : « la première forme est celle du tholos nuraghe, c’est-à-dire avec la chambre circulaire couverte par la fausse coupole ou la pseudo-voûte. C’est la forme évoquée par les auteurs grecs lorsqu’ils parlent de « daidàleia » et de « tholoi » en Sardaigne, des constructions réalisées « à la manière grecque archaïque », c’est-à-dire mycénienne…
La deuxième forme est celle du « nuraghe à couloir » … ou « pseudonuraghe » ou « nuraghe à tunnel » [et l’on peut y voir] la composante occidentale, dans le style dolménique-retiligieux ou « trilithique » ».
Quant à la chronologie de ces constructions, Lilliu semble d’abord perplexe, mais au fur et à mesure que l’ouvrage avance, la trentaine de nuraghi à couloir connus à l’époque lui apparaissent comme des architectures désuètes et délabrées, signe du déclin d’une civilisation, créée pour contrer les envahisseurs carthaginois et romains.
Les résultats des analyses radiométriques effectuées sur le matériel organique du Peppe Gallu di Uri permettent d’avancer une date comprise entre le VIe et le IIIe siècle avant J.-C., confirmant la chronologie basse avancée par Lilliu, qui reconnaît dans ces monuments les constructions souterraines et les grottes de Diodore (IV, 30 ; V, 15, 4), sur la base d’informations
J.-C., et les grottes mentionnées par Pausanias (X, 17) et Zonara (VIII, 18) à propos des campagnes consulaires contre les Sardes Iolèi et Bàlari en 231 av.
Dans la deuxième édition de la Civilisation des Sardes, sur la base de nouvelles données, tout en confirmant que le tholos nuraghe « a précédé dans le temps … en tant qu’invention » le corridor nuraghe, néanmoins « dans son application, il se trouve maintenant organiquement uni au tholos nuraghe, les deux formes étant coevalentes ».
Par conséquent, le nuraghe à couloir « était aussi ancien dans son origine que tardif dans sa préservation ». En raison de ce caractère et de la variété de la forme elle-même, nous pouvons constater qu’il a duré plus d’un millénaire, avec des étapes bien indiquées par les chronologies en C14 : vers 1800 av.
1200 av. J.-C. de l’Albucciu, entre le 6e et le 4e siècle av. J.-C. du Peppe Gallu’.
Les photos des nuraghe de l’Albucciu à Arzachena sont de @Marco Secchi photography. Celles du protonuraghe Bruncu Madugui ou Bruncu Maduli di Gesturi sont d’Andrea Mura- Nuragando Sardegna. Le nuraghe Peppe Gallu est malheureusement réduit au strict minimum.











