Entretien avec le président Pierpaolo Vargiu

Pierpaolo Vargiu

Monsieur le Président, que signifie viser la marque « Sardaigne, île de Nuraghi » ?

« Cela signifie qu’il est clair dans notre esprit que nous avons choisi de faire connaître la Sardaigne au monde entier en racontant l’histoire de l’extraordinaire singularité et de l’identité de notre ancienne civilisation.

Jusqu’à présent, ne l’avons-nous pas fait suffisamment ?

Je dirais que non. Nous avons l’habitude de nous dire à quel point notre patrimoine nuragique est important, mais nous n’avons jamais investi de ressources économiques significatives pour le protéger, le mettre en valeur et le présenter au monde. C’est comme si nous avions un magnifique diamant dans notre maison, mais que nous avions choisi de le garder caché dans un coffre-fort. Aujourd’hui, nous devons apprendre à raconter la réalité, la fascination, le mystère de notre ancienne civilisation, en nous rappelant que « ce qui n’est pas connu » dans le monde, c’est comme s’il n’existait pas et ne produit donc aucun bénéfice pour les Sardes.

Pensons-nous donc à un projet de tourisme culturel ?

Non, nous pensons à quelque chose de beaucoup plus ambitieux. Personne ne veut nier l’importance des flux touristiques nouveaux et désaisonnalisés, qui font certainement partie intégrante du projet. Cependant, notre objectif est stratégique pour l’ensemble de l’économie sarde, car il vise à représenter une valeur ajoutée pour tous les secteurs économiques, et pas seulement pour le tourisme ».

En d’autres termes, pensez-vous qu’en plus des archéologues et des guides touristiques, d’autres personnes pourraient en bénéficier ?

« Certainement ! Et je ne pense pas seulement aux restaurateurs et aux hôteliers. Je pense que nous aurons besoin de nombreux autres professionnels : des restaurateurs aux anthropologues, des généticiens aux experts en restauration. Mais aussi des ingénieurs structurels et environnementaux, des experts en marketing et en promotion, des communicateurs et des programmeurs informatiques, des experts en logistique et en intelligence artificielle, la liste est presque infinie ».

Comment imaginez-vous le développement futur de l’île à partir des nuraghi ?

Je pense à un nouveau récit de notre terre qui la rendrait reconnaissable dans le monde entier pour le charme de son ancienne civilisation. Au contraire, en Sardaigne, j’imagine un réseau presque infini de routes, où les monuments les plus importants entraînent les plus petits à la découverte d’un paysage unitaire, tandis que les offres particulières de chaque territoire complètent et caractérisent la variété du produit.

Y a-t-il des exemples dans le monde dont il s’inspire ?

« Il y a beaucoup d’endroits, grands et petits, qui ont multiplié leur attractivité, précisément en trouvant l’élément d’unicité qui les caractérise et les rend immédiatement identifiables. Sans parler de l’Égypte, dont l’extraordinaire civilisation était inconnue il y a encore quelques siècles, il suffit de penser à l’île de Pâques, un rocher de 135 kilomètres carrés, peuplé de 9 000 habitants, situé à près de quatre mille kilomètres des côtes chiliennes, et pourtant célèbre et connu dans le monde entier ».

Qu’est-ce que la Sardaigne a de plus que les autres ?

« Un patrimoine monumental millénaire qui donne à notre territoire une saveur et une identité anciennes que nous sous-estimons trop souvent. Les nuraghi, les tombes des géants, les puits sacrés, mais aussi tout le patrimoine préhistorique sont des témoignages qui, dans aucune autre région du monde, ne sont concentrés en si grande quantité ».

Où en est le parcours initié par l’Association pour la reconnaissance par l’Unesco des monuments de la civilisation nuragique ?

En novembre 2021, notre demande, sur proposition du MIC, a été intégrée à la « liste indicative » italienne de l’Unesco. Nous avons travaillé comme des fous pendant deux ans pour partager avec tous les Sardes l’objectif extraordinaire que nous nous étions fixé. En avril de cette année, nous avons remis l’avant-projet du dossier au MIC. À la fin de l’année, nous serons prêts à présenter le dossier final, afin de poursuivre le voyage de la Sardaigne vers Paris. L’inscription au patrimoine mondial sera un moment très important pour la Sardaigne, car elle certifiera la valeur universelle de nos biens.

Pourquoi ce projet concerne-t-il toutes les municipalités de Sardaigne ?

Nous avons la chance que le patrimoine nuragique soit comme l’agriculture : c’est la seule ressource réellement présente dans toutes les communes de Sardaigne. C’est donc une occasion unique de réunir tous les Sardes autour d’un même objectif, sans oublier que les plus grandes concentrations de monuments nuragiques ne se trouvent certainement pas dans les grandes villes, mais précisément dans ces zones intérieures que nous ne pourrons vraiment protéger du dépeuplement qu’en construisant de nouvelles opportunités de développement ».

Télescope Einstein et civilisation nuragique : y a-t-il un conflit entre l’innovation et la recherche et la mise en valeur de l’histoire ancienne ?

Je dirais que c’est tout le contraire ! Notre demande d’être le siège d’un des centres de recherche les plus importants du monde, qui pourrait révolutionner positivement la vie des Sardes, serait infiniment renforcée par le pouvoir évocateur de l’identité millénaire du lieu qui demande à l’accueillir. Nous ne sommes pas « n’importe quel endroit », nous sommes l’île des Nuraghi ! Notre histoire ancienne est un candidat pour être à nouveau un protagoniste dans les scénarios d’innovation ».

L’association souhaite-t-elle lancer un appel particulier aux Sardes ?

Oui, c’est la demande de ne pas nous laisser seuls. Nous travaillons sur un projet si grand et si important qu’il ressemble à un rêve. Nous n’avancerons que si tous les Sardes sont unis, personne ne doit être laissé pour compte, chaque Sarde peut et doit jouer son rôle. N’oublions pas que cette fois-ci, ce n’est pas seulement le bien-être d’une seule collectivité territoriale qui est en jeu, mais une perspective passionnante pour l’avenir de l’île tout entière ».

La Sardegna verso l'Unesco utilise Accessibility Checker pour surveiller l'accessibilité de notre site web.